mercredi 8 février 2017
mercredi 8 février 2017
Évoqué dès le début de la négociation conventionnelle, le thème de la démographie est pour l’Assurance Maladie une des clefs de cet échange avec la profession... Chacun est libre de penser ce qu’il veut de la nécessité ou pas d’une régulation de la démographie d’une profession...
... Mais pour ce que j’en sais, au SNMKR le débat a été tranché depuis longtemps en congrès national et après que chacun ait pu s’exprimer.
... du droit d’accès aux soins
De ces discussions il est ressortit qu’il n’était pas incongru de penser que chaque citoyen est en droit de pouvoir bénéficier de soins de qualité, dans de bonnes conditions et à une distance raisonnable de son lieu de vie.
Et comme en France, la solvabilisation des soins est assurée par la cotisation sociale et par l’impôt, les professions de santé, toutes libérales qu’elles soient ont un devoir de participer à la résolution de cette difficile équation qui permet d’assurer un égal accès aux soins pour tous.
Une fois qu’on a dit cela, on peut aussi rester libre de penser qu’il est parfaitement inacceptable de voir des politiques et des autorités de tutelles être aussi exigentes en matière d’accès aux soins et de régulation démographique avec les paramédicaux...
•... alors que ce sont des professions prescrites...
•... et que RIEN N’EST FAIT POUR RÉGULER LES PRESCRIPTEURS...
•que la désertification des campagnes est le fait de tous.
•Il est ainsi curieux de voir les paramédicaux être les derniers comptables d’une politique d’organisation du territoire mal faite, mal pensée, extrêmement peu prévoyante... Et l’on pourra à ce sujet trouver pour le moins curieux que l’on fasse grief aux kinésithérapeutes de vouloir s’installer là où tout le monde veut être, et de ne pas vouloir s’installer là où l’État ferme des classes et des écoles, fait disparaître les guichets de La Poste, et supprime les gendarmerie alors que les gares ont été désaffectées depuis longtemps...
Les éléments du contexte sont donc presque tous posés.
Se pose alors la question de l’intérêt éventuel que la profession peut avoir à réguler sa démographie. On peut alors se tourner vers les autres professionnels de santé; ce qui permet de constater que le concept n’est pas forcément stupide en soit et en tout cas loin d’être liberticide, comme certains le pensent. Prenons l’exemple des pharmaciens. Considérés comme des commerçants par certains, ce sont sans conteste les plus «libéraux» des professionnels de santé. Pourtant cette profession est régulée depuis toujours. Plus proche de nous, les infirmiers ont trouvé depuis presque 10 ans que laisser les professionnels s’installer n’importe où conduisait à une fragilisation des cabinets et à une paupérisation de la profession. Aujourd’hui, il n’existe plus d’infirmières qui se plaignent du dispositif.
... des numerus clausus et de la libre circulation
Les accords européens, la libre circulation des citoyens et des travailleurs, et la reconnaissance de diplômes inférieurs au nôtres conduisant à la possibilité d’exercices partiels ont neutralisé les effets des numerus clausus de formation. Plus rien ne régule le flux de formation et d’installation, et d’évidence, cela concoure à fragiliser les professionnels en exercice.
En effet, un cabinet de kinésithérapie bien équipé peut représenter un investissement lourd; laisser à n’importe qui la possibilité de «s’installer en face» dans une zone où l’offre est déjà plus que suffisante peut mener un confrère à la faillite. Cette possibilité conduit inexorablement les professionnels à ne plus prendre le risque de l’investissement. C’est alors toute l’offre de soins qui peut voir sa qualité se dégrader. Sans oublier l’autre risque, celui de voir les cabinets en difficulté être racheté par des investisseurs qui au final seront les propriétaires de l’offre de soins, les professionnels de santé n’étant plus que des salariés... C’est ce qui vient de se passer avec la biologie médicale et les laboratoires d’analyse.
Pour les représentants de la profession, ce dossier n’est pas simple car si les éléments indiqués ci-dessus sont compréhensibles, leurs conséquences ne sont pas acceptées ou comprises par tous et de fait l’idée d’une régulation démographique de la profession ne fait pas encore tout à fait consensus.
Pourtant les choses changent et aujourd’hui, même les représentants des étudiants semblent avoir évolué sur un dossier qu’ils rejetaient il y a encore peu.
... de la négociation conventionnelle
Au final, il n’est pas impossible que toutes cette affaire n’ait que peu d’impact négatifs pour la profession. En effet, les zones dites sur dotées, en sur effectif, ne sont pas si nombreuses. Pour celle-là, un dispositif contrôlera l’installation. Ce qui sécurisera les investissements des professionnels installés. Quant aux zones où l’offre de soins n’est pas suffisante, les représentants de la profession proposent :
•que le dispositif d’aide soit élargit et que les sommes proposées (environ 17000 euros sur 3 ans) soient augmentées.
•que les kinésithérapeutes puissent être en accès direct dès lors qu’il n’y a pas de médecins prescripteurs sur le secteur.
De plus, il a été clairement posé par les deux syndicats représentatifs que :
•le dispositif devrait avoir une gouvernance paritaire,
•le calcul du zonage conduisant à «qualifier» les zones devraient être plus réaliste et plus réactif,
•des clause de dérogations devraient exister et permettre de rendre intelligent un dispositif qui pourrait par sa rigidité mettre dans certaines zones remettre l’accès aux soins en question.
En échange, l’Assurance Maladie accepte d’ouvrir des négociations conventionnelles qui aboutiront probablement sur une augmentation des tarifs...
Sauf erreur, la profession est plutôt gagnante sur tous les points...
Avec un bémol de taille... l’enveloppe de revalorisation risque de ne pas être du tout à la hauteur des enjeux et des espoirs émis par la profession, notamment lors de son expression sur la plateforme collaborative NégoKiné.
à suivre...
L’homme de veille
Démographie quelques explications...