Ce qui énerve...
Ce qui énerve...
samedi 23 février 2019
Ce qui énerve…
Il y a quelques mois, la profession s’indignait #ChiroGate. Qu’en reste-t-il ?
La raison de notre courroux était-elle vraiment dans la reconnaissance par les autorités de tutelle des faits et gestes d’une profession reconnue et active depuis plus de 15 ans ? Ou bien ce fait mettait-il juste le feu à une poudrière qui voit s’accumuler depuis des années tonnelets de poudre noire et caisses de grenades ?
Ce qui énerve, ce n’est pas tant que les chiros soient reconnus. Ce qui énerve, c’est que dans le contexte actuel, cela n’a aucun sens ! Gouvernement après gouvernement, ministre après ministre, on nous rabâche les oreilles avec l’impérieuse nécessité de mettre à disposition des citoyens une offre de soins à moindre coût, mais si possible au top, au niveau qualité et sécurité. Et puis aussi, il faut que tous les professionnels de santé soient bien coordonnés, au service du parcours du patient. Peu importe d’ailleurs si on met vraiment les moyens pour y arriver, mais au moins on cause… ça donne bonne conscience probablement… Et puis là, d’un seul coup, on décide que d’autres professionnels que les kinésithérapeutes peuvent faire la même chose qu’eux. En quoi cela améliore-t-il la coordination entre ceux qui agissent au service du patient et de son parcours et plus largement en quoi cela améliore-t-il notre système de soins ?
Ce qui énerve, c’est que leurs 300 ECTS soient reconnus d’emblée alors que nous attendons depuis des années…
Ce qui énerve, c’est que ces chiros puissent accueillir le patient en accès direct, alors qu’ils ne sont en fait sur le papier (comme les ostéopathes ni-ni) que des kinésithérapeutes non conventionnés.
Et ce qui énerve, c’est que 6 mois plus tard, les choses soient encore plus graves puisque sous prétexte de réforme de la PACES, le Gouvernement et ses ministères ont décidé de sortir les kinésithérapeutes de ce cursus de sélection-formation adopté pourtant par la plupart des écoles au fil des années depuis 1986...
Mais ce qui énerve encore plus, c’est tout le reste… et notamment le problème du #pouvoirdachat…
En 1992, je mangeais au resto ouvrier près de la mairie de Champigny sur Marne pour moins de 20 francs. Je vous parle d’un vrai repas. Le truc qui tient au corps : roulé jambon-macédoine, bavette haricots verts, fromage, dessert, verre de vin, café. L’acte moyen était à 70 francs. Avec une séance, j’avais 3 repas et je pouvais laisser un beau pourboire…
En 2018, quand je vais dans la ZI à 10 minutes de mon cabinet, je déjeune avec les ouvriers agricoles, les employés communaux, les routiers. Je paye 15 euros le repas. Je mange à peu près la même chose (ils ont supprimé le vin…). Avec un acte moyen à 18,50 euros, j’ai juste de quoi manger, et je peux laisser un pourboire… ouf !
C’est ça, moi qui m’énerve…
Le reste… qui s’en fout ?
Et sinon, parce qu’il n’est jamais trop tard : tous mes voeux pour 2019... et surtout «stay tuned»... va y’avoir encore du lourd cette année... à commencer par la réforme des retraites... Mais j’y reviens bientôt.
L’homme de veille